Ekona ! Hum !!! Région souvent oubliée du département du FAKO où le eru and water fufu se dégustent en solde de jour comme de nuit. Oui, ce mets plein d’huile de palmes dont nous en avons entendu parlé ! Alors ainsi tu as choisi de t’appeler Ekona Mbengue pour la simple raison que tu veux laisser entendre que « Mbengue »(Europe) c’est ici qu’il se vit hein ?
Et voilà que nous répondons à ton appel, toi dont il se dit que tu as connu en 1959 et en 2000, la colère du « char de Dieu »( plus connu comme étant le mont-Cameroun). Ah mais mettons le pied sur la pédale et accélérons...
« Bienvenu au sud-ouest !», t’entend-on nous susurrer à l’oreille alors que notre automobile commence à "sniffer" la belle fraicheur de « miles seventeen », le carrefour qui sépare la ville de BUEA au long tronçon qui mène à KUMBA et à MANFE. « Arrêtons-nous d’abord à MUNYA » nous suggère le chauffeur, qui, l’œil braqué sur le rétroviseur, s’engage sur le dit tronçon. Un kilomètre à peine et nous voici le pied à terre dans MUNYA. Très rapidement nous essayons de prendre la température de ce qui nous attend à EKONA.Les gens ici semble avoir une très mauvaise opinion de ce qu’est la vie dans cette petite bourgade d'EKONA! « i sai hein di Man !you dee cresh ?that people of Ekona ?”.
Malgré le peu de connaissance que nous avons du pidgin English, nous parvenons à comprendre quelques minutes après, que, les gens d'ici traitent ceux d’EKONA de voleurs et de sorciers,au sens propre même du terme. Mais l’instinct nous guide. Au diable toutes ces recommandations. Cette localité a bien besoin d’être elle aussi découverte non? En route les amis, le temps presse ! C’est ainsi que nous nous engageons sur une route goudronnée sur laquelle se mire un ciel tout assombri. Va t-il pleuvoir ? Est-ce un mauvais signe ? Mais nous ne reculerons devant rien et surtout pas devant ce joli Balai verdoyant que nous offre la nature.ah! Ils sont bien là, les palmiers à huile alignés, tels des enfants sages de l’école primaire! Et en plus, il semble faire la valse pour nous souhaiter un bon voyage. Merci !Nous traversons alors des petits villages tels que AZEEM, MOGHAMO,ETUÏ, OKû, METTA,THEBANG,OKORO,MENGOM,LEBIALEM et INGWO avant de se rendre compte qu’une barrière de policiers érigée en « péage obligatoire » nous exige de faire un arrêt avant de pénétrer au sein d’EKONA. L’affaire se corse.
Quelques minutes après, nous sommes sur EKONA. Le paysage est tellement…banal !toutes ou presque toutes les maisons sont construites en planches et les gens nous observent avec tant d’admiration !!! Non loin de l’entrée du marché (saisonnier)se dresse une imposante demeure. C’est celle du chef CHIEF FINDI. Il s’agit d’un joyau architectural qui nargue quasiment plus de la centaine des duplex des grandes métropoles telles Yaoundé et Douala.
Et nous entrons en plein dans le « festival Ekona » qui se tient au mois de février pour valoriser les activités culturelles au sein de cette localité. Des concours de danses traditionnelles, des marathons et concerts y sont donnés. Contrairement à ce que nous apprenions il ya peu, c’est une population plutôt sympathique qui nous accueille le sourire au coin. « sista, welcome ooooooh ! »lance un jeune homme habillé en haillons. Sur le coup, nous comprenons rapidement pourquoi cette localité est si hospitalière. C’est qu’environ 15 groupes ethniques (venus d’ailleurs)y sont venus ici pour créer un brassage culturel.Il s’agit entre autres des BAYANGUE(ou BAKWERE qui sont les gardiens du mont-Cameroun et autochtones) IGWO, BAMETTA, BAFÜT, NGI(qui viennent de BAMENDA), BAFUHUM , BARONDO…Une population donc l’activité principale tourne autour de sa passion pour les champs(cacao, café, plantain, macabo, huile de palme…),qu’elle revend aux grandes industries.
Pour ce qui est du divertissement, il faut dire que dans cette localité, la vieillesse et la mort semble avoir perdu leurs pouvoirs ! En effet à la nuit tombée, tout le monde(ou presque),verre de matango(vin de palme) à la main, s’écoute un vieux makossa aux cotés de jolies demoiselles, ou encore, s’enroule un filon de « nlop »(chanvre indien),pour avoir l’air euphorique. Ce 11 février particulièrement, tous se requinquent au cours de ce mini concert donné par des artistes de renom venus d’ailleurs. Alors on danse et on chante en chœur, mais…hélas, c’est la fin lorsque LAPIRO DE MBANGA glisse sa dernière note musicale.Un dernier verre dans ce bistrot en paille ça vous dit?pourquoi pas? demain est un nouveau jour !
Fidèle Ntoogue |